Voici le récit de ma première participation à l’ultra-marin du Morbihan, mon premier ultra-trail.

Mais pourquoi je me suis lancé dans un ultra-trail de 90km au juste ? Un peu d’orgueil, beaucoup d’envie, de l’admiration pour mes compagnons de courses à pied après le récit de leur participation à l’Ultra-Trail des Côtes d’Armor (n’est ce pas Elodie et Lionel)…

Bref, courant mars, je me suis inscrit et la préparation a débuté. Assez compliqué d’ailleurs au début car j’avais ma préparation pour mon objectif de 3h30 au marathon de Paris fin avril où je devais chercher de la vitesse et qui était difficilement compatible avec la préparation du trail !

J-1

Préparation des affaires, préparation du sac et remplissage des poches avec une certaine logique (la mienne qui n’est pas forcément la même tous les jours).

Le jour J

Nous voici donc le 28 juin, le jour J, départ à 15h. Pas de stress particulier car la préparation a été plutôt bonne et j’ai intercalé dedans le Trail de l’Archange de 55km fin mai qui s’est passé sans encombre.

Départ de Rennes à 9h, arrivée à Vannes à 10h 30 le temps de récupérer mon dossard et les goodies d’avant course (un gobelet spécial 15 et la fameuse boîte de biscuits La Trinitaine dont on m’avait parlée). Restauration à 12h sur le village avec ce que j’ai amené : un peu de saucisson, ma salade de pâtes aux tomates cerises et une banane (un bel exemple de repas de runner).

A 12h, les premières navettes arrivent ! J’embarque dans une vers 12h 40 et direction Arzon avec environ 30 minutes de route où nous arrivons avec une brume de mer et environ 25° ce qui contraste beaucoup par rapport au soleil brulant du village de Vannes et ses 32°. L’ambiance est très calme dans le car : soit tout le monde est concentré sur sa course, soit tout le monde se demande finalement ce qu’il faisait là !

13h 30, je commence à me préparer : crème solaire, crème anti-frottement sur les épaules (car mes épaules avaient pris cher au Trail de l’Archange à cause des mouvements du sac). Mais hélas, quelques minutes plus tard, la rumeur se répand parmi les coureurs que le départ est décalé de 2h. Rumeur confirmée par le SMS qui arrive quelques minutes plus tard et qui explique qu’il s’agit d’une décision préfectorale… Nouveau départ à 17h, il va falloir patienter encore 3h ! C’est la douche froide pour tout le monde et ça râle beaucoup dans les chaumières bretonnes en particulier par rapport au repas pris à midi. Mais bon, ce n’est pas la fin du monde… le runner râle souvent, mais il n’est pas méchant.

Avec ce décalage, le ravito du départ est dévalisé en quelques minutes et ne propose rapidement plus que de l’eau. Il y a une salle sur le port mise à disposition et comme beaucoup de coureurs, je décide de m’y poser et même de m’allonger pour dormir : la sieste de 45 minutes fera un bien fou !

16h, l’excitation et l’impatience sont palpables chez les coureurs ! La musique envahit le port et tous les coureurs ressortent pour se dégourdir les jambes sous un soleil qui refait son apparition.

16h 40 : remplissage de la poche à eau et des flasques et nouvelles couches de crème solaire et de crème anti-frottement.

16h 50 : lancement du protocole de départ avec un clapping en l’honneur de l’une des membres fondatrices de l’Ultra-Marin emportée quelques jours auparavant. Le speaker annonce 1148 partants (pour 1200 inscrits) et nous rappelle de bien nous hydrater car la température remonte très vite et très fort !

16h 58 : c’est le moment où beaucoup se disent (enfin au moins moi) : qu’est ce que je fais là ???

17h : le top départ est donné, il n’y a plus le choix. Je pars environ environ à la 700 (au vu de ma position par rapport à l’arche de départ).

Même si mon objectif premier est d’être finisher, j’ai toujours dans un coin de ma tête de faire 12h. Le départ décalé de 2h, cela donne maintenant 6h de course de nuit à gérer donc on verra bien ce que cela va donner !

Le départ de la course est plutôt tranquille. Je pars environ à 6’10″ du kilomètre. Ca discute beaucoup dans les rangs. J’en profite pour remonter quelques places de façon régulière mais prend tout de même le temps de prendre aussi des photos, surtout qu’il y a pas mal d’endroits où le tracé se rétrécit et ça bouchonne rapidement.

Passage au 5km en 33’ : tout va bien mais le soleil tape dure maintenant et il doit faire environ 32°. Puis au 10km en 1h 11’ : je me ravitaille de façon régulière et me force à boire une gorgée à chaque big kilométrique de la montre. J’ai d’ailleurs désactivé le suivi cardio au poignet pour optimiser la batterie, ne sachant pas vraiment quel temps je vais faire. Ce serait dommage de ne plus avoir de batterie à 10km de l’arrivée. Je commence aussi dixième kilomètre ma première barre Meltonic (et oui, toujours aussi fan) en alternant des versions sucrées et salées.

C’est vraiment chouette car il y a pas mal de spectateurs sur le bord des chemins et ça motive vraiment !

Premier ravitaillement au 19ème km ! La poche à eau est quasiment vide et la flasque aussi. Je remplis la flasque, je bois… Et maintenant au tour de la poche à eau ! Galère… La couture avait lâché et on me l’a réparée sauf que je perds 3’ à l’enlever du sac et encore plus à la remettre. Ce ravitaillement (comme les suivants) est super bien géré avec des bénévoles très sympathiques et avenants). Je mange un peu de sucré (banane) et de salé (plutôt quelques chips, merci Elodie pour le conseil). Je repars mais dès quelques dizaines de mètres, je sens de l’eau dans le dos… J’ai du mal la fermer ! Ca se confirmera quelques kilomètres après car les deux litres se sont littéralement évaporés et pour ma part, j’ai le dos trempé !

Je profite du kilomètre qui suit le ravitaillement pour envoyer/répondre à 2/3 SMS et poster un message Facebook dans une story.

Je pense qu’à la faveur du ravitaillement j’ai du dépasser une cinquantaine de coureurs. Le course se poursuit jusqu’au ravitaillement d’après au 34ème kilomètre, et je me sens super bien avec quelques kilomètres enchainés à plus de 10km/h. La chaleur est maintenant bien tombée et on doit être plutôt aux alentours de 28°.

2ème ravitaillement, celui du 34ème kilomètre. Même combat avec la poche à eau mais je décide cette fois de ne pas la sortir du sac pour la remplir… Toujours les mêmes ressources : chips et bananes auxquels s’ajoutent du saucisson ! C’est plus rapide mais j’en mets aussi partout dans le sac… Bref, il faudra régler ça pour les prochaines courses car j’ai le dos trempé depuis 15km mais heureusement, il fait encore bon. J’entends beaucoup de coureurs pester comme quoi il fait très chaud et que le début de course a été très dur à cause de la chaleur.

Du 34ème au 42ème kilomètre, la course se poursuit tranquillement. Passage au marathon en 5h 15. C’est 8 minutes de moins que pour le trail de l’Archange fin mai et surtout, je me sens encore en pleine forme.

Passé le marathon, les difficultés commencent rapidement. Non pas physiquement, mais plus d’un point de vue logistique car la nuit tombe tranquillement et on ne voit plus grand chose dès qu’on passe en zone couverte. Le gros ravito étant à 48km, je souhaite pousser jusque là-bas sans frontale et je prendrai le temps de m’équiper à la pause. Les kilomètres passent, les racines aussi et je manque de me mettre au tapis 4/5 fois, mais je me récupère à chaque fois bien, même si une fois, la cheville a failli tourner.

48ème kilomètre : le ravito qui fait du bien (ou pas)

J’arrive au principal ravitaillement de l’épreuve. Il y a déjà pas mal de coureurs à table. La température dans la salle est super élevée car c’est un gymnase en tôle qui a chauffé toute l’après-midi.

Et je prends comme tout le monde ma ration de pâtes et de fromage râpé et toujours une poignée de chips et du saucisson. Mais en plus une petite soupe très bonne ! Je me pose et en mangeant on discute entre trailers : du parcours, de ce qu’il reste à faire. L’un de ceux assis à la table qui arrivent 10 minutes après moi rejoint sa copine qui était dans les mêmes temps que moi. Il est KO et ne souhaite pas manger mais on pousse à le faire pour ne pas qu’il soit sous alimenté ensuite. C’est marrant comme quelques runners à une table discute rapidement et ouvertement de leurs course, de leur préparation (avortée pour certains) et surtout se donne des conseils.

Il y a aussi pas mal de monde au niveau des tentes de soin et je me dis qu’il doit commencer à y avoir quelques abandons.
Le repas est terminé, place à l’équipement. Je sors la frontale, je change de maillot et je repars environ 25 minutes plus tard dans la nuit noire. Le remplissage de la poche à eau s’est fait sans trop de dégâts cette fois, mais toujours sans la sortir du sac.

Premier virage en sortie du ravito, je prends la mauvaise direction (suivi par deux autres coureurs) et m’en rends compte au bout de 100m car au croisement d’après, il n’y a plus aucun balisage. On rebrousse chemin et effectivement, on s’aperçoit qu’il fallait prendre tout de suite à gauche en sortant du ravitaillement alors que j’avais bêtement été tout droit.

Ca promet pour les 42km (tiens, un marathon) qu’il reste à faire dans la nuit noire. Je redouble de vigilance en reprenant la bonne trace.
Les sensations sont assez bizarres de nuit. Je reste dans un petit groupe et contemple le halo de ma frontale (LedLesnser H7R 2). Merci à Elodie et Jean-Philippe pour les conseils. Elle est vraiment top et je me permets de ne pas la mettre à fond car on est un petit groupe de 10 coureurs.

Un des coureurs annonce qu’il est ressorti du ravitaillement en 326ème position. Je n’en reviens pas et pensais être plus loin. Belle satisfaction, même si l’objectif est avant tout d’être finisher.
Passé le 50eme kilomètre (environ minuit), les spectateurs se font de moins en moins nombreux, mais il en reste 😉

Quelques kilomètres plus loin, on enchaine des passages dans les zones de boue. L’objectif est avant tout de ne pas tomber et de ne pas laisser une chaussure dedans. Quand je pense que pas mal de coureurs ont mis des belles chaussettes / chaussures propres au ravitaillement ! j’ai bien fait d’oublié de changer mes chaussettes 🙂

Je suis un peu dans le dur du 52 au 60ème kilomètre, même si je cours toujours pas mal. Je sens que la foulée n’est plus ce qu’elle était avant le ravitaillement et je tourne plutôt sur des temps à 8′ au kilomètre. Je me concentre sur ce qu’il reste à faire et fais attention au parcours car je me retrouve très souvent seul. C’est le moment où on se dit : « mais qu’est ce que je fais là ? ».

Je me demande régulièrement si je suis toujours sur la bonne trace car il arrive que je ne vois aucun balisage pendant plus centaines de mètres, donc j’ai toujours la crainte d’avoir loupé le dernier virage. Mais non 🙂

Je double assez souvent des groupes de 2/3 coureurs (qui marchent) qui pour certains me redoublent lorsque je me mets à marcher… et ainsi de suite 🙂

Bref, je continue mon chemin tranquillement !

Peu à peu, je reprends du poil de la bête et tourne en 7’30″ du kilomètre de façon assez régulière en alternant toujours course et marche. Environ 850m de course à 6’40″ et 150m de marche rapide : un rythme qui me permet de regagner des places de façon régulière.

67ème km : le ravito qui change tout !

Je ne sais pas ce qui s’est passé à ce ravitaillement, mais je suis reparti avec une pêche d’enfer alors qu’il est prêt de 2h du matin ! J’ai réussi à remplir ma poche à eau avec une bouteille sans en mettre partout et ce que j’ai mangé ma requinquer. 10’ de pause et c’est reparti, toujours dans la nuit noire mais plus motivé que jamais. Par curiosité, je demande mon classement à la sortie du ravito : 260 de mémoire : waouh ! Ca me booste encore un peu plus.

Je me dis qu’il ne reste plus qu’un « semi-marathon » à faire, donc que cela devrait aller. Je repars sur des les mêmes bases qu’avant (~7’30″ au kilomètre) jusqu’au dernier point d’eau de la course à 78km toujours en doublant régulièrement des concurrents. Au 78ème, je choisis de ne remplir que ma flasque en me disant que 0,5L d’eau devrait me suffire à aller au bout.

Je repars après une mini-pause de même pas 2 minutes et enfile les derniers kilomètres comme si c’était un dix kilomètres. Je suis maintenant plus proche des 7’ au kilomètre et commence à me dire que mon objectif de 12h est réalisable. Les derniers kilomètres sont longs car on est pressé d’arriver. On distingue les lumières de Vannes, mais on ne sait pas vraiment ce qu’il reste comme distance. Je maintiens mon rythme, double des coureurs et ca y est, je distingue clairement l’arrivée. Elle est juste de l’autre côté du bassin !

L’arrivée

Ça y est, elle est là à quelques centaines de mètres. Au début de la ligne d’arrivée, un spectateur (car il en reste quelques uns même à 5h du matin) me glisse : « vas y tu peux savourer maintenant ». Je suis des consignes à la lettre ! Je me décontracte complètement et savoure le moment, comme je n’ai jamais savouré une arrivée de course. Ça fait vraiment bizarre comme sensation de passer la ligne d’arrivée seul en pleine nuit : personne 1 minute avant ni après moi… et un speaker qui annonce mon nom en même temps pour les dix personnes qui sont encore là.

Classement et bilan

11h54’49” et une 192eme place ! Autant, je visais moins de 12h, autant je ne pensais pas être aussi bien classé parmi les finishers.

Vraiment super content de mon premier ultra-trail.
Et je pense que c’est la meilleure gestion de course de ma grande carrière de sportif ! La préparation sérieuse a porté ses fruits. Pas de douleurs particulières et passage de la ligne dignement !
Prêt à repartir bientôt et à tenter la barre « mythique des 100km prochainement 😉

Félicitations à toute l’équipe de l’ultra marin car la course était super bien gérée, que ce soit le village, les navettes, les ravitaillements, le balisage…

Seul bémol : la fameuse boîte de gâteaux La Trinitaine aux couleurs de l’Ultramarin était trop petite 😉