En 2023, je m’essayais sur ma première course By UTMB avec l’objectif de faire l’UTMB en 2024. C’était le Trail de Saint-Jacques 2023 ! Malheureusement, malgré les 4 running stones glanées dans le Puy de Dôme et les 4 autres récupérées aux 100M de Nice, le tirage au sort de l’UTMB n’a pas été favorable.

Qu’il en soit ainsi ! On repart à la chasse aux running stones. Pour ma part, j’avais prévu un printemps intense avec notamment :

  • le 100M Alsace UTMB mi-mai,
  • le 100M de Saint-Jacques mi-juin.

Mais, c’était sans compter sur une fracture d’un métatarse en février (en Jouant au basket) qui a chamboulé les plans (avec 6 semaines de plâtre et une reprise de la course le 8 avril). Bye bye l’Alsace, mais je décide de maintenir le trail de Saint-Jaques et ses 130km.

Préparation

Forcément, avec le plâtre, la préparation a été un peu compliquée. Dernière course le 11 février, reprise progressive du vélo à partir de fin mars et de la course à pied à partir de mi-avril. Au fur et à mesure que les douleurs et gênes disparaissent, j’augmente le rythme et le volume pour réussir un mois de mai à 306km, dont 180km sur la deuxième période.

La forme et le rythme reviennent avec un test sur le trail des Karotez à Plérin où j’expédie les 14km / 330 d+ en 1h 09m et finis à la 38ème place sur 500 coureurs. Chrono visé mais je ne pensais pas du tout que cela m’amènerai à ce classement. Tout semble aller pour le mieux excepté le pied qui gonfle encore après les grosses séances.

Je fais deux dernières semaines très light avant Saint-Jacques pour arriver en pleine forme le jour de la course.

Début de la course

On se déplace à 5 sur la course. Parmi les Spartiates présents, on trouve Rémi, Sylvain et Jérémy. Et un deuxième Rémi que Sylvain connait par son club.

Au vu du nombre de coureurs inscrits cette année (1150), il y a deux sas de départ espacés de 5′. Les 4 autres sont dans le sas 1 grâce à leur côte de malade (n’est-ce pas Rémi le Spartiate).

Ma stratégie de course est claire. Comme souvent, je prévois de faire le dos rond pendant la nuit et on verra ce que je pourrais faire au lever du jour.

Le départ est lancé à 22h 05 pour moi. Le départ se fait sous un beau ciel dégagé et on en vient à se demander si les pluies annoncées vont réellement avoir lieu. Ça part plutôt tranquillement et je double rapidement de nombreux coureurs du sas 2. Puis je rattrape Sylvain et Rémi (le spartiate) dès le 6ème kilomètre. Les deux autres sont devant. Pour respecter ma stratégie de course, je décide de rester avec eux pour l’instant. Ils sont également en retour de blessure mais leur préparation a été encore plus tronquée que la mienne.

La frontale est allumée depuis quelques kilomètres.

Le début de la course est assez roulant et on avance plutôt bien. Rémi donne le rythme et les premiers kilomètres s’enchaînent, de même que les premières bosses de 100 à 200m de dénivelé. De mon côté, je suis tranquillement en gardant les bâtons rangés.

Des conditions dantesques

La pluie s’invite sur la course à partir de 23h 30. Et ce n’est pas une petite pluie ! Des trombes d’eau nous tombent dessus jusqu’à 6h du matin, quasiment sans coupure. Parfois, on a l’impression qu’il ne pleut plus, mais c’est juste qu’il pleut moins !

On continue notre aventure malgré les conditions difficiles. Heureusement, le fond de l’air n’est pas froid et le ressenti doit être de ~12°C. Le premier ravitaillement de Saint-Julien des Chazes permet de remplir les gourdes et de reprendre quelques forces.

Place aux premières côtes maintenant !

A la sortie du ravitaillement au km 18, il est temps d’attaquer la première vraie côte : 700m de dénivelé à avaler en 10km. La course est vraiment lancée. Je monte derrière Sylvain et Remi (qui donne quelques signes de fatigue) et me sentant bien, je dis à Sylvain en haut que je continue sur ma lancée. Etant moins fort en descente (encore plus lorsque le terrain est glissant et caillouteux), je m’attends à les revoir rapidement (car on fait cette fois -800m en 9km), mais ce ne sera pas le cas. Ils jetteront l’éponge au km 72 après une belle sortie de reprise.

La descente se passe plutôt bien et j’arrive à Prades en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. 40km et 6h de course. Après avoir passé la ligne de départ en 700 ou 800ème position, je suis maintenant 484ème sans avoir sorti les bâtons.

Le deuxième marathon (le plus costaud)

Du 40ème au 95ème km (ok, ça fait plus d’un marathon), on prend 3600d+ ! En gros, sur 40% du parcours, on prend 60% du dénivelé total de la course. Ça va être un sacré chantier.

Ravitaillement express et je repars de Prades en direction de Monistrol d’Allier pour un passage de 15km et 1000 de d+. Il pleut toujours mais heureusement, il y a de nombreuses parties en sous-bois qui permettent de limiter les désagréments de la pluie. Toujours beaucoup de boue, de chemins détrempés et de cailloux mais je tiens bon et double régulièrement d’autres coureurs même si les écarts sont plus importants au fil des kilomètres.

Un peu avant le km 50, le jour commence à se lever et la pluie cesse ! Je prie pour qu’elle ne reviennent pas car la pluie en course (et encore plus dans le halo de la frontale toute la nuit), cela fatigue dur et j’ai surtout envie de sécher. Le t-shirt que j’ai dans mon sac est également détrempé !

C’est un grand ouf de soulagement pour tous les coureurs avec qui je discute ! Les nuages se dissipent de plus en plus et on ne reverra pas la pluie de la journée. Je vais enfin pouvoir commencer les photos.

L’arrivée à Monistrol d’Allier fait du bien et si le passage précédent s’est bien déroulé. C’est le premier ravitaillement de jour où je prends un peu plus le temps. Le pont Eiffel construit par Gustave Eiffel est toujours là et n’a pas bougé depuis l’année dernière !

J’ai trouvé les ravitos top et j’avais tout ce que je cherchais : des pâtes de fruit, des compotes, du saucisson, du coca… Petit pêché mignon avec les fraises Tagada au ravitaillement également.

La suite vers Saint-Privat d’Allier se passe bien, même si le début de la portion est très costaud. J’ai Jérém au téléphone qui est environ 45′ devant moi mais qui me dit être dans le dur. Je lui réponds que j’espère ne pas le revoir avant l’arrivée car ce serait mauvais signe pour sa course.

La montée vers Saint-Jean Lachalm

J’attaque ensuite la montée de Saint-Jean Lachalm. C’est cette montée qui me fait le plus peur et qui me reste comme le moment le plus difficile de ma première participation. 700 d+ en 5km, ça calme ! On est un groupe d’une dizaine de coureurs et étrangement plus personne ne parle. C’est un signe qui ne trompe pas. Tout le monde souffre, moi également mais je mets environ 10′ de moins à monter que l’année dernière ! Je pense que le rythme est à peu près le même mais je fais moins de petites pauses.

En arrivant à 50m du ravito du 73ème km, Jéremy m’appelle pour me demander où j’en suis. Il a fait un stop de 45′ à la base de vie et m’attend pour repartir. Pour moi, ce sera un stop de 15′ environ, le temps de changer de t-shirt. Et de chaussettes aussi ? Ah, non pas les chaussettes, car j’ai oublié de les mettre dans mon sac d’allègement.

On repart ensemble et je croise les doigts pour que cela passe pour Jérémy mais il a du mal à avancer. De mon côté, je suis bien. Je discute avec pas mal de monde car le combo t-shirt Diagonale des Fous + casquette Glazig est parfait pour entamer les échanges entre bretons ou coureurs prévoyant de faire ou ayant participé à la Diagonale. Je croise même un coureur venant de Plérin et habitant à 300m d’où j’ai vécu pendant 20 ans !

Quelques kilomètres plus loin, Jérémy m’annonce qu’il va s’arrêter au prochain ravitaillement (au 85ème). On discute un peu et j’essaye de voir s’il veut continuer mais sa décision est prise. Je le laisse au km 81 et continue mon chemin solo. Les 3 derniers de la descente sont rapidement expédiés et j’arrive au point de passage suivant en 385ème position (Alleyras) au 85ème km, synonyme du début de la dernière grosse côte : 800m de d+ en 11km.

La dernière difficulté

L’ascension se décompose en deux parties de 4km environ et 300d+ chacune. Entre les deux, il y a une descente plutôt sympa et roulante. La première partie passe plutôt bien mais la deuxième c’est un autre chantier. Elle n’est pas plus compliquée mais j’ai un gros passage à vide et j’ai l’impression de ne plus avancer du tout ! Mais je ne lâche rien car je sais qu’une fois en haut, c’est quasiment course gagnée. Il ne restera plus que 800d+ sur 38km.

J’arrive enfin en haut et peut savourer. Le passage dans la forêt puis le demi-tour du lac apportent des grandes lignes droites plates pour arriver jusqu’au ravitaillement du Lac du Bouchet au km 99.

Le final en roue libre

Le sprint final peut enfin être lancé. Il reste moins de 35km pour regagner Le Puy en Velay, 35km majoritairement composé de plat et de descentes non techniques. Du pur bonheur hormis 2/3 pétards de 200d+. J’arrive encore à courir et je fais généralement des alternances de 400m de course / 100m de marche ce qui me donne un rythme de 8’/km sur ces portions.

Les passages successifs du mont Eycenac et du parc des Chibottes cassent le rythme monotone de cette fin de course. Et cette année, je ne me fais pas avoir lorsqu’il faut tourner dans un champ contrairement à 2023

L’arrivée au Puy en Velay est un peu différente de l’année précédente. On monte toujours en ville face à la cathédrale mais on tourne sur la gauche avant celle-ci pour rejoindre la nouvelle arrivée. Cela m’évite de me prendre les pieds dans des pavés et de risquer de tomber.

Ca y est, l’arche est devant moi ! Je rentre dans l’enceinte, déroule sur les 200m restants et savoure cette belle victoire personnelle au moment de franchir la ligne d’arrivée.

Bilan de cette course

134km et 5600d+ à la montre VS 133km et 5900d+ pour l’organisation. Prenez les chiffres que vous voulez mais le tout a été fait en 22h51 avec une arrivée à la 281ème place !

1h de plus qu’il y a un an pour 7km de plus, et 600d+ supplémentaires, le tout avec la nuit horrible et la fracture du métatarse 4 mois auparavant. Je suis super content de ma course. Le pied a globalement tenu. Pas mal de gênes à partir du 40ème km environ, puis des douleurs régulières à partir du 80ème mais un Doliprane avalé au 100ème a permis de les contenir et calmer celles des ampoules également.

Maintenant, cela fait 12 running stones et j’espère un tirage au sort UTMB favorable pour 2025 !