Ma première participation à un trail de l’UTMB World Series… il parait que c’est nécessaire pour se frotter à un nouveau monument du trail : l’UTMB !
Pourquoi le trail de Saint-Jacques ?
Forcément, quand on aime la course à pied, les longues aventures dans la nature, il y a plusieurs courses qui sont incontournables. Et parmi celles-ci, on retrouve notamment :
- les Templiers découverte en 2021
- la Diagonale des Fous courue en octobre dernier
- et l’UTMB…
Et pour s’inscrire à l’UTMB, il faut des points (des Running Stones) pour avoir sa chance au tirage au sort. Et pour obtenir ces jetons, il faut participer à des courses by UTMB. C’est du business, mais c’est la règle.
Il y a de plus en plus de trails organisés partenaires et il y en avait plusieurs qui me motivaient bien (Trail Grand Est by UTMB ou encore Val d’Aran by UTMB), mais les autres ne correspondaient pas à nos agendas respectifs avec les copains. Le trail de Saint-Jacques et son départ du Puy-en-Velay a donc remporté les suffrages.
La préparation
La préparation s’est plutôt bien passée : une grosse pause après la Diagonale et une reprise de la course progressivement avec le Trail du Glazig en février, l’Urban Trail de Rennes en avril et surtout beaucoup de kilométrage de manière progressive pour arriver sur un mois de mai à 275km !
Quelques petits pépins avec un fessier gauche capricieux. Cela a entrainé des bobos sur le mollet gauche et une pause d’une dizaine de jours fin avril ! Mais dans l’ensemble, cela aura été une belle prépa.
Le départ
Départ le vendredi à 8h de Rennes avec 4 copains : Jérémy et Sylvain qui étaient à la Diag, David ultra-traiteur qui a également fait la Diagonale et enfin Rémi, que je ne connaissais mais plus à l’aise sur le plat avec notamment une superbe perf à l’Ultra-marin sur le Grand Raid de 175km en 28h (c’est mon prochain objectif).
5 dans la voiture, 7h de route, ça donne des jambes un peu lourdes à la fin de la journée. Arrivée vers 15h 30 au Puy-en-Velay pour la récupération des dossards, partie très bien organisée. Juste le temps de perdre ma pièce d’identité que l’organisation va retrouver et me remettre quelques heures plus tard.
Le dossard, le t-shirt et le sac d’allègement récupérés, il est temps de rejoindre le gîte pour préparer les affaires, faire une sieste de 30′ environ et s’enfiler une plâtrée de pâtes.
Il est 19h, une fine pluie commence à tomber. Elle va s’intensifier de manière régulière pour finir par un énorme orage et de très fortes précipitations qui nous accompagneront pendant tout le temps de la navette, l’arrivée dans la salle et qui ne cesseront que 10 minutes avant le départ.
Une heure à attendre dans la salle c’est long. Et comme à mon habitude, je ne tiens pas en place ! Un peu de repos, un peu d’étirement du fessier, un peu de marche… bref, le temps est long. Par hasard, nous nous retrouvons juste à côté de Duncan Perillat (champion de France de marathon) et de son team Hoka. On tend l’oreille et on fait les curieux pour passer le temps.
22h 50, la pluie cesse et nous rejoignons la zone de départ au milieu du terrain de foot. Dommage, il n’y a pas d’ambiance, pas de musique ou de fumigènes qui font hérisser les poils (sauf pour les tri-athlètes).
23h et quelques secondes, le compte à rebours démarre et le départ est donné pour environ 600 coureurs…
Le début de course
C’est parti, mais très vite il y a un goulot d’étranglement et un premier bouchon. On en retrouvera d’autres plus tard lors des 5/10 premiers kilomètres. Mais ce n’est pas bien grave. J’avais. Sur un ultra, on a le temps de se refaire.
On est rapidement dans le vif du sujet avec trois premiers kilomètres qui montent régulièrement puis une dizaine derrière en mode descente. Pour ma part, je laisse mes 4 acolytes partir devant et je préfère prendre un départ très prudent. Les chemins sont plutôt roulants mais déjà assez gras par endroits et on traverse un ruisseau dès le 5ème km donc les pieds sont rapidement mouillés. Je passe le premier pointage au 14ème km à Prades en 432ème position.
Là, tous les signaux semblent au vert et je me décide à accélérer un peu pour la première difficulté de la journée : 10km d’ascension pour 850d+ environ ! Je me sens pousser des ailes et gagne près de 100 places dans la côte (347 presque tout en haut). Je rattrape Rémi et Jérémy. Rémi est un peu dans le dur et ne me reconnait pas quand je lui demande comment il va. Voici un rapide résumé du début de la discussion :
- Moi : « Pas trop dure la côte ? Ça va ? »
- Rémi : « Pas facile ! Je viens de Bretagne et y a pas de côtes comme ça chez nous… »
- Moi : « Oui, je sais on a fait la route ensemble ! ».
Après une bonne rigolade, je repars avec Jérémy et on laisse Rémi derrière. Je suis le rythme de Jérém presque jusqu’en haut de la côte et lâche un peu pour ne pas me mettre trop dans le rouge. Je le vois s’éloigner et ne le reverrai plus avant l’arrivée.
Une fois arrivé au sommet, il n’y a plus qu’à redescendre et la course revient sur Prades par une belle descente de 14km. Au tiers de la descente, je commence à avoir mal à la tête. Frontale trop serrée ? Fatigue visuelle liée au halo lumineux ? Fatigue générale (il est déjà 3h 30 du matin…) ? Je ne sais pas vraiment… je continue et manque de chuter 5/6 fois avant de vraiment tomber. Pas de gros bobos, juste quelques égratignures sur le genou gauche mais un peu de frustration et d’énervement à cause de cette chute que j’aurai du éviter. Surtout qu’elle intervient dans une partie non technique.
Je prends un Doliprane en arrivant à Prades 2 (passage en 373ème position, donc en ayant reperdu 26 places dans la descente) et j’attends impatiemment que le jour se lève.
Ça va mieux
Une nouvelle fois, comme à la Diag, la magie opère au lever du jour ! Le Doliprane et le rangement de la frontale 1h plus tard font un bien fou. Le mal de tête a complètement disparu et la bosse +500/-500 pour rejoindre Monistrol d’Allier est avalée rapidement en regagnant 50 places. Je passe le ravitaillement du 50ème km avec près de 3h d’avance sur la barrière en 324ème place. Je prends le temps d’envoyer un message aux copains en disant que ca y est, je suis chaud et que je vais les reprendre. Ils ont 30′ d’avance. Rémi est lui 1h 15 derrière.
La bosse suivante (+500 / -300) se passe assez facilement également même si les pentes sont plus raides avec notamment un kilomètre à 16%. Les bâtons sont de sortie et permettent de garder un bon rythme. On passe quelques pierriers mais heureusement les organisateurs ont eu la bonne idée de mettre des chemins au milieu ! On reste presque tout le temps dans le brouillard mais ça donne un certain charme sur les photos !
En arrivant au pointage d’après, à Saint-Privat d’Allier, tout va bien ! On va s’attaquer à un gros morceau : la montée vers Saint-Jean Lachalm : près de 500d+ assez raids sur 5km. C’est assez étrange comme sensation car depuis quelques kilomètres les coureurs du Maratrail (46km) et du Grand Trail (75km) nous ont rejoint. On se retrouve très nombreux sur les chemins mais surtout on se sent pressé par ceux qui poussent derrière. Je passe pas mal de temps à me ranger pour en laisser passer mais également à en doubler qui sont partis en tout début de peloton sur des rythmes lents.
Résultat, c’est plutôt une belle ascension mais je mets dans le rouge et la fin est plus difficile. Et le soleil en profite pour faire son apparition dès qu’on passe au dessus du plafond nuageux. Il fait limite chaud d’ailleurs ! Heureusement, la base de vie est en haut et pouvoir se changer, se restaurer et prendre un peu plus de temps fait un bien fou. Je repars de la base de vie après une belle pause en 305ème position.
Ça déroule
Requinqué, il est temps de repartir. On attaque le plus long et le plus gros tronçon de la course. 27km avant le prochain pointage, un peu de plat, 400 d- et la grosse difficulté annoncée de ce parcours : +600/700m d’ascension !
Bizarrement, je trouve que l’ascension se fait super bien et je double encore un grand nombre de coureurs. Il y a énormément de passages boueux (qui permettent d’admirer de nombreuses chutes heureusement sans gravité) et on commence à entendre l’orage gronder… Sur les hauteurs, il y a beaucoup de grêlons que d’autres coureurs ont du essuyer peu de temps avant. Je rattrape Jocelyn un autre coureur de Rennes que je croise régulièrement sur des courses. On discute quelques minutes et comme je suis sur un temps fort, je reprends ma marche en avant en gardant un bon rythme.
Le ravito du Lac du Bouchet est atteint et tout va toujours bien : je suis 225ème et j’ai gagné 80 places sur le tronçon !
L’ascension n’est pas encore totalement finie… Après le lac et son ravitaillement, il reste un peu d’ascension (250/300d+), mais répartie sur des grosses portions… taillée dans la forêt, droit dans la pente, avec plein de boue… le genre de portions où tu fais un pas de 80cm en avant mais où tu redescends de 40cm… Par exemple :
- 750m de longueur, à 18% dans la boue = 150d+
- 350m à 25% = 90d+ tout dans la boue également…
Ca y est, cette fois l’ascension est finie ! J’en suis à 100km sur les 125 que compte ce trail et il ne manque plus que 400/500 d+ avant la ligne d’arrivée.
L’orage semble s’être éloigné et on n’entend presque plus gronder.
La descente finale
Globalement, il reste 25km avec 750m à descendre. En fait, il y a quelques relances supplémentaires notamment dans le parc des Chibottes.
La descente se fait merveilleusement bien et c’est super agréable de courir en majorité en sous-bois sur des terrains souples et pas boueux. Comme ça commence à tirer un peu sur les quadris, je me force à faire quelques portions de marche régulièrement (ex : 400/500m de course puis 50m de marche). Cela me permet d’enchainer les kilomètres à un rythme moyen de 7’/km ce que je trouve plutôt bien au bout de 110km. Et de revenir à 20′ de David et Sylvain qui auront fait toute la course ensemble.
Arrivée pluvieuse, arrivée heureuse…
J’ai laissé quelques plumes dans la descente et les derniers kilomètres sont un peu plus laborieux… et les pieds me démangent… Je m’arrête quelques minutes pour retirer les chaussures et virer tout ce qui s’y est inséré (au moins deux kilos par chaussures) puis je repars.
A 15km de l’arrivée, le ciel se charge et l’orage se remet à gronder, la pluie arrive, elle augmente de plus en plus et je m’arrête mettre la veste ! Juste avant que tout ça ne finisse en averse de grêle… Ca fouette le visage, les jambes, même à travers la veste ! Si on ajoute à cela un détour de 700m suite à un balisage loupé, la fin s’est faite désirée.
Ca y est, on arrive au Puy-en-Velay ! Le parcours passe par le parc d’une coopérative qui nous réserve un dernier champ de boue en dévers… Je suis encore aux premières loges pour assister à de belles chutes de mes compagnons d’infortune. De mon côté, j’arrive à rester debout.
Plus que 2km, 1km… voilà la cathédrale Notre-Dame du Puy-en-Velay ! On passe sous une arche, les photographes sont là, on monte les marches… mais rien ! Le soufflet retombe. On me fait signe qu’il faut passer par la droite. Quand on voit sur les photos comment je suis content d’arriver (enfin de croire que j’arrive), on image à quel point la déception a été importante !
En fait, il reste encore 700m environ de route pavée et je manque de me prendre une sacrée gamelle à 100m de l’arrivée… je me rattrape in-extremis avec beaucoup de chance !
Ca y est, la vraie arche, celle où on a récupéré nos dossards est enfin là…. Je suis finisher d’un nouveau trail et pour la deuxième fois seulement d’un trail de plus de 100km.
21h 52′ et une 193ème place ! Je suis bien revenu au niveau du classement et je termine à 30′ de Sylvain et David mais seulement 30 places derrières eux.
Bilan
C’est vraiment une belle course et un gros chantier cette année avec la boue… Plutôt content de ma course et de la gestion de l’effort.
Pour ma part, j’ai trouvé que l’organisation était vraiment pas mal même si il manquait : de l’ambiance au départ et des vivres sur quelques ravitos (mais cela ne m’a pas impacté car j’ai trouvé mon alimentation de course : bretzel, saucisson, pâtes de fruits et compotes et finalement, je n’ai rien mangé de ce que j’avais amené. Le balisage était nickel et les bénévoles au top !
Bref, un super week-end entre potes avec 5 partants et 5 finishers ! Que demander de plus ?
Et après ? Place à la récupération maintenant. De grosses ampoules à soigner (en même temps, après avoir couru 21h les pieds trempés) et je repars tranquillement sur l’Ultra-marin fin juin et ses 175km mais cette fois avec du plat uniquement ! Et à plus long terme, maintenant que j’ai 4 running stones, je vais commencer à pouvoir lorgner sur l’UTMB.