Spoiler, le titre dit tout : je suis finisher ! Mais  comme dirait Orelsan « c’qui compte, c’est pas l’arrivée, c’est la quête ». 

Préparatifs de course

Pourquoi l’UTDC / l’Ultra-Trail des Chevaliers (by UTMB) / le 100M Alsace Grand Est By UTMB ? Je devais le faire en 2024 et j’ai annulé mon inscription à cause d’une fracture métatarse + arrachement osseux au basket 3 mois avant la course… C’est une région que j’ai vraiment découverte l’été dernier en famille et que j’avais envie de revoir sous un autre angle. Et les autres spartiates n’étaient pas forcément disponibles ce week-end ou préféraient d’autres courses.

1ère pour moi de faire un trail solo aussi loin. Je m’interdis l’avion et je privilégie finalement le train : plus de confort, moins de fatigue et de pollution que la fatigue.

Pas de voiture, ça implique plus de logistique : billets de train (TGV + TER), hôtel et bien gérer ses sacs. 

Je décide de partir le jeudi matin de Rennes et de faire une journée télétravail dans le train et à l’hôtel. 

Jeudi 18h petit run à Strasbourg pour découvrir la ville et vérifier que tout va bien niveau musculaire : 7,5km en 50’ pour ne pas se fatiguer. Départ dans 24h.

Comme avant chaque gros trail, la semaine d’avant course fait ressortir plein de petites gênes. Elles doivent être là toute l’année mais je n’y prête attention que lorsque j’ai un objectif qui arrive et elles semblent alors décuplées.

Là préparation physique aura été bonne à part une belle entorse cheville + un truc bizarre au genou début février. Plus de 1100km / 24000d+ depuis le début l’année… un peu de vélo, de renfo et de basket en plus. 

Dîner chez Peggy à Strasbourg pour lui apporter un plan de Bretagne et soirée très sympa, bien plus qu’un resto solo. Petit apéro soft sur la terrasse et découverte du parmesan végétal… enfin quelque chose qui y ressemble surtout de nom. Et encore 5km de marche A/R…

Bonne nuit à l’hôtel Graffalgar. Je recommande vivement pour tous les amateurs de street art avec des chambres et couloirs décorés ainsi que des expositions d’oeuvre régulières.

Vendredi matin, je quitte l’hôtel. Là encore le fait de ne pas avoir de voiture compliqué un peu la préparions. Je prépare mon sac de course plus le sac d’allégement que je récupérerai au km96. 

Direction le village UTMB à Obernai en train. Ce sera le théâtre de l’arrivée. J’y retrouve Erik un ancien voisin de Châteaugiron désormais à Strasbourg. On mange ensemble au resto : des linguine pollo e funghi pour moi (un peu trop de sauce avec) et un double expresso en dessert ! Erik sera un peu le fil rouge de cette histoire et ça fait vraiment plaisir de le revoir pour la première fois depuis 4 ans.

Retour au village. Recuperation du dossard. Je fais une petite balade digestive et découvre la charmante ville d’Obernai. Nouveau double expresso : il y en aura besoin !

Départ depuis Turckheim

16h : l’heure de prendre la navette a sonné. Je monte dedans, direction Turckheum, et c’est parti pour 45’. Je dors direct 30 minutes. Et oui j’ai cette capacité à dormir sur demande !

Arrivée à Turkheim. Il est l’heure de finaliser le sac, de déposer celui d’allégement, de reboire deux cafés et de rejoindre la ligne d’arrivée.

Encore un beau village Alsacien qui ressemble beaucoup à Bergheim où nous étions en vacances l’été dernier. 

L’ambiance et la pression montent sur la ligne de départ grâce aux chevaliers et à Ludo Collet, le speaker officiel UTMB et sa voix emblématique. 

Objectif de course

Une course mais plusieurs objectifs ! 

  • Le premier : faire une belle course sans tomber / sans se blesser. Entre Nice fin 2023 et mes entorses / fracture en 2024/2025, j’ai suffisamment donné. 
  • Objectif de temps : difficile à chiffrer… le parcours a changé par rapport à l’édition 2024 (18km et 200d+ en moins). Je me donne au début une fourchette 27/29h et finalement je m’aligne sur LiveTrail avec un objectif de 28h31 calculé depuis ma côte ITRA ! Et je me dis que si je peux faire 27h30/28h ça serait vraiment bien. 

Stratégie de course

Je n’aime pas vraiment la nuit en trail. J’aime bien voir où je mets les pieds. 

La stratégie est assez simple du coup :

  • Je pars « fort » pendant 2/3 heures
  • Je fais le dos rond la nuit
  • Je repars comme je peux au lever du jour

La météo s’annonce idéale sur ce trail. 

La course des chevaliers

1ère partie : vite… trop vite ?

3, 2, 1… lâchez les fauves ! Je pars à peu près au milieu du peloton et profite de l’ambiance. J’essaye de voir Erik qui devait venir mais il a pris du retard. Le maillot Spartiates Runner est bien évidemment de sortie et j’arbore fièrement le beau logo Haroz.

Nous commençons par traverser Turckheim et rentrons de suite dans les vignes. Même si les chevaux se sont rangés au bout de 200m, ça continue de galoper ! 

Hormis quelques petits bouchons et la première bosse de 600d+ (qui se fait sans sourciller), les kilomètres s’enchaînent bien et le parcours est très roulant. Sur certaines portions dans les vignes, ma montre descend jusqu’à 4’15” / km. Je double beaucoup de coureurs et remonte au classement par rapport au départ.

1er ravitaillement à Kayserberg

Les châteaux font aussi leur apparition avec celui de Kayserberg. Je m’arrête au ravitaillement 2’ et prends mon alimentation habituelle : gaufre Naak caramel + un peu de salé : fromage et bretzels. Comme d’hab sur les ravitos by UTMB.

Erik était là mais on ne s’est pas vu… il parait que je suis passé trop rapidement ! 

Je passe en 176eme position. Je suis bien même si j’appréhende un peu d’avoir laissé quelques plumes (ou fibres) dans les portions rapides.

C’est parti pour un gros morceau : direction Aubure (le plus haut village habité d’Alsace à plus de 800m d’altitude) avec 24km et 1200d+. Les chemins dans les vignes laissent place à des chemins forestiers soit en mode single / soit en mode piste forestière.

La montée n’est pas régulière. On monte 200m, on redescend 100, on remonte 300… et on garde 600 dans le sprint final pour Aubure. Petite frayeur au tout début avec la cheville droite (toujours la même) qui tourne un peu mais pas trop donc ça va. La nuit tombe assez rapidement et je sors la frontale.  C’est assez grisant car vers Aubure, j’ai l’impression que je suis en mission. Sensations au top ! J’avance super bien sans avoir l’impression de forcer et je dépasse de nombreux coureurs mais dès qu’on passe sur une portion descendante ils me redoublent car je préfère être très cool en descente pour me rassurer. Je maintiens ma stratégie prudente et me fais redoubler à chaque fois !

Aubure, 2’ d’arrêt le temps d’enfiler les manchettes et de me rendre compte que les pastilles électrolytes sont dans mon sac d’allégement. #boulet

Le temps est presque parfait : sec et frais (8°C). Les manchettes suffisent même si par moment il y a des vagues de froid. Comme ce n’est que temporaire, je ne sors pas la veste. 

En route vers le Haut-Koenigsbourg

La stratégie s’avère payante et je la prolonge jusqu’au Haut-Koenigsbourg.

Montées franches et décentes tranquilles. Je recule très légèrement au classement et arrive au ravitaillement du 58eme km avec plus d’une heure d’avance sur mon objectif. 

Le château du Haut-Koenisbourg est toujours aussi majestueux même de nuit. 

Point chrono : 

  • Aubure : 5h10 de course soit 1h de mieux que l’objectif visé 
  • HK : 7h40 (1h10 de mieux).

Pour l’instant, tout se passe bien mais je commence à me poser des questions et notamment : est-ce que je ne serai pas parti trop vite ?

Du bon et du moins bon

Chatenois, Dambach-La-Ville, Andlau… peut être la portion la moins intéressante du parcours. Un peu de ville, des bosses de 200 à 400m. Tout se passe bien niveau musculaire par contre je commence à avoir des problèmes pour m’alimenter. J’ai une barre à l’estomac quand je cours. Je grignote quelques miettes à chaque fois mais pas plus et je sais que c’est clairement pas suffisant.

Le jour se lève sur l’Alsace. Rendu à Dambach-la-Ville, je peux enlever la frontale. Elle était éteinte depuis 30 minutes déjà.

Gros coup de mou 5-10km avant d’arriver sur Andlau et mon pied droit qui commence à me déranger pas mal… saleté de névrome. 

Andlau et ça repart

96km ! Ah la base de vie… nettoyage des pieds, changement de chaussettes, de maillot… un Doliprane pour le névrome et des pastilles électrolytes retrouvées (j’aime pas du tout la boisson Naak). Quelques messages lus et envoyés et il est temps de repartir galvanisés. Environ 20’ de pause.

En écrivant ce post, je viens de comprendre que la boisson Naak que je me suis forcé à prendre un peu à partir d’Aubure est peut-être la cause de mon mal de ventre.

Il est 9h, j’ai 2h d’avance sur mon objectif ! Le soleil commence à taper plus fort et il restera avec nous jusque Barr et dans le début de la montée vers le Mont Sainte-Odile. 

Le départ après le ravito d’Andlau est très costaud et monte droit dans la pente. Le parcours continue d’arpenter des chemins en forêt et on croise régulièrement des châteaux ou ruines de châteaux ! En arrivant sur Barr, on ressort de la forêt pendant un moment et le soleil tape beaucoup.

La montée vers le Mont Sainte-Odile est un moment plus compliquée à passer. Je suis dans le dur vers la moitié de l’ascension par manque de jus. La sous-alimentation des dernières heures en est sûrement la cause. J’envoie un message à Erik pour le prévenir de mon arrivée et que j’aurai besoin de me poser quelques minutes.

Je découvre le mémorial du Mont Sainte-Odile, lieu de commémoration du crash aérien en janvier 1992. Dernier kilomètre avant d’arriver à l’abbaye ! 

Erik vient à ma rencontre et on finit en petit trot avec le tour de l’abbaye et son magnifique point de vue sur la plaine. Séance selfie oblige devant l’abbaye.

Le ravitaillement est un peu compliqué. Il n’y a pas grand chose qui me fasse envie. Erik m’a apporté un bretzel de boulangerie. Je teste et cela semble passer. Cela fait du bien de manger quelque chose qui change des ravitaillements (ça me rappelle bizarrement une anecdote avec de la patate à la Diagonale). 

10-15 minutes de pause et je repars accompagné d’Erik sur les 4km suivants pour 200d+ et 200d-. Ce passage de course partagé donne un gros de boost.

Erik fait demi tour au km 121 et je continue sur ma lancée. Il me reste moins de 40km pour terminer cette aventure alsacienne. 

J’ai toujours plus de deux heures d’avance sur mon objectif ! Je sais que ça va le faire et que j’irai au bout. Mais en ultra, tout peut se passer. 

Chateau de Kagenfels : 124km / 4850d+ / 19h 14 de course / 171eme

Allez plus que 1000 d+ à avaler avec 3 descentes et 2 montées… J’ai toujours autant d’avance. Le calcul est vite fait, je vais arriver entre 21h et 21h 15… c’est-à-dire avant la tombée de la nuit ! Pas de frontale à remettre, ça motive encore plus et je continue ma progression toujours en forêt, toujours avec quelques châteaux autour et les bâtons qui m’accompagnent en montée mais également régulièrement sur le plat où je passe quelques relais en marche nordique.

Arrivée à Klingenthal en moins de 2h, l’avance continue de s’accentuer. Je retrouve Erik une nouvelle fois qui est venu au ravitaillement. Là-encore, je prends quelques minutes pour me poser et retrouver un peu mes esprits et on repart ensemble sur le tout début de l’ascension. Les jambes (et notamment les quadris) commencent à chauffer dans la côte et je me permets un ou deux micro-arrêts… et même un où je m’assois quelques instants sur un banc (le piège)… Arrêt fort rapide finalement car un groupe arrive et me dit « allez repars avec nous » et j’obéis !

Ça y est la dernière bosse est passée mais elle aura été la plus compliquée à cause de la fatigue. Il n’y a plus qu’à dérouler jusqu’à l’arrivée. Enfin presque. La dernière descente est un peu plus technique, mais ce n’est rien par rapport à Nice ou la Diagonale. Donc, je la fais en prenant mon temps. J’arrive à bien relancer dans les dernières portions avant Rosheim et mon avance sur l’objectif continue de s’accentuer, encore et encore. 3h d’avance à Rosheim, c’est trop beau pour être vrai !

Dernière ligne droite

Dernière portion. Ravitaillement vite expédié à Rosheim… et j’aurai du faire l’impasse dessus. Je prends un morceau de banane qui ne passe pas du tout et galère les 2/3 km suivants au point de devoir faire des pauses et être prêt à vomir. Cela commence à passer et je peux enfin relancer une dernière fois pour attaquer la descente vers Obernai. Il doit rester 2km… Le petit single dans la forêt est super sympa pour finir la course avant d’arriver sur les hauteurs d’Obernai.

Ça casse de la fibre et les quadris crient dans la grosse descente finale qui se fait sur du bitume et nous amène des vignes à la ville. Pas grave pour les fibres cassées, j’arrive avec un temps inespéré !

Ca y est : dernier virage à gauche, arrivée sur les remparts d’Obernai et Ludo Collet au loin avec son micro en train de chauffer le public encore nombreux car il y a deux arrivées en même temps (le 100M et un 34km).

Je passe la ligne d’arrivée en 25h 10 ! 3h 21 d’avance sur l’objectif LiveTrail basé sur mon UTMB Index. 152ème sur 689 partants !

Erik est là pour immortaliser l’instant et partager ma satisfaction et une bière ! Avant de finir par une choucroute.

C’est le moment de faire l’analyse des courses. C’est clairement mon meilleur trail. La stratégie de partir vite et de faire la nuit plus tranquille été payante. 

La prépa a aidé forcément à ce résultat, j’ai fait beaucoup de volume et un peu moins de dénivelé pour ce trail que pour d’autres.

La course devrait me permettre d’améliorer mon UTMB Index (504 avant la course), car il ne faut pas perdre de vue que l’objectif principal reste l’UTMB fin août à Chamonix

Et là, ça va être notre histoire avec près de 20 km en plus et surtout 4000m de d+ qui vont s’ajouter

Au niveau des enseignements, c’est la deuxième fois que je connais quelque chose gastrique. Il faudra du coup être plus vigilant de ce côté.

Niveau préparation, il faudra également en faire un petit peu plus de volume et de renforcement notamment pour les quadris et la nuque qui commençaient à tirer.

Niveau équipement : rien à redire ! Nok + chaussettes BV Sport + Asics Trabuco et pas une ampoule au pied… J’ai aussi pris un carquois (chez Salomon) pour les bâtons pour la première fois et je trouve que c’est dix fois mieux que de les porter à la ceinture.

Et pour finir, j’ai créé un groupe WhatsApp avec des amis qui m’ont encouragé pendant la course. Ça n’a pas de prix ! Un grand merci à tous pour les encouragements et en particulier à Erik pour m’avoir suivi pendant la course.