Encore un week-end dernier dans le Morbihan. Après mon premier ultratrail en 2019 (le 87km de l’Ultra-Marin) et mon premier abandon en 2023 sur le grand raid de 177km, j’avais à coeur de revenir sur ce beau parcours. J’ai choisi cette année le tout nouveau parcours : Le Réveil des Ducs ! 70km avec un départ de nuit.

Une course pas vraiment au programme

Je me suis inscrit sur la course dès l’ouverture des inscriptions en janvier. Toutes les places sont parties en 5 minutes. A ce moment, c’était un programme avec :

  • Le trail Alsace Grand Est en mai (170km)
  • Le 70km de l’Ultra-Marin fin juin.

Mais voyant que les copains optent pour le Trail de Saint-Jacques (135km), je prends aussi mon dossard pour le Massif Central (la course a lieu le 14 juin) et je me dis que je vais revendre mon dossard pour le Morbihan avec la bourse aux dossards.

Malheureusement, quelques semaines plus tard, je me blesse en jouant au basket (fracture de la base du cinquième métatarse). C’est quand même important un pied pour courir. Je me décide donc à annuler ma participation en Alsace et je garde Saint-Jacques et l’Ultra-Marin qui ne sont séparés que de quinze jours !

J’arrive vers 18h sur le village et récupère mon dossard ainsi qu’une belle boite de gâteaux La Trinitaine. Il faut 25°. Le village est top avec son suivi live sur écran géant.

Pas de prépa spécifique

La prépa est orientée pour Saint-Jacques, la course se passe vraiment bien et je passe les 2 semaines entre les courses en mode repos. La seule vraie question est surtout : est-ce que 14 jours entre les deux suffiront ?

Je pense que oui ! Musculairement, je me sens bien et Saint-Jacques a tenu ses promesses.

La stratégie est assez simple. Avancer, courir et quand ça passe plus opter pour une alternance course / marche.

L’objectif est de finir la course en moins de 7h ce qui devrait me faire une course 100% nocturne.

Un départ dans un cadre grandiose !

Le départ est donné du château de Suscinio dans un cadre magnifique. On rentre dans la cour intérieure du château par l’arrière juste avant la tombée de la nuit et retrouvons deux chevaliers équipés de torche. Je mets la veste car il y a un peu de vent et il commence à faire plus frais. La nuit tombe complètement, la pression monte, le speaker fait son job… Il est 23h02, les portes du château s’ouvrent et les chevaliers s’élancent suivi des coureurs. La foule des spectateurs est restée dehors pour nous encourager lors de notre passage.

Les premiers kilomètres déroulent et se passent bien. 5′ au kilo au début pour se stabiliser à 5’35 ». Les 3 premiers kilomètres sont 100% sur route. C’est parfait, je suis bien même si j’aurai pu éviter la veste car il fait un peu chaud. Les conditions sont au top pour courir : 12/13°, pas de vent, pas de pluie…

1h = 11km. Tout roule !

Passage à Sarzeau au km 13. Je prends 2′ pour enlever la veste et remplir ma flasque au point d’eau et je repars rapidement. Il y a toujours beaucoup de portions bitumées et les chemins sont comme dans mes souvenirs : larges, secs et non techniques à part quelques racines.

2h = 21km… le rythme baisse petit à petit mais rien de grave. C’est normal, il y a plus de chemin en bord de mer, un peu de fatigue car il est 1h du matin ! J’arrive au ravitaillement du 29ème kilomètre en perdant quelques minutes sur le rythme initial mais je suis toujours dans les temps pour l’objectif -7h (30ème km passé en 3h).

Une deuxième partie de course difficile

Passé le 30ème, mon rythme baisse subitement. Je suis plutôt sur une moyenne à 6’30 » au kilomètre. Tout d’un coup, presque sans prévenir, mes quadriceps sont au bord de cramper à partir du 33ème km ! La fin de la course va être longue. A partir du 35ème km, je me décide à alterner course/marche ! C’est beaucoup plus tôt que je l’imaginais mais c’est la seule solution.

Pour couronner le tout, je chute au 38ème. Un passage technique ? Même pas ! Une piste cyclable goudronnée avec un raccord dans le sol de 2 ou 3 cm de hauteur…. Waouh et surtout boum… Le genou a tapé, mais pas de gros bobos. Par contre, le moral en prend un coup. Quelques secondes avant de me relever et je repars.

Parfois, les mollets sont aussi prêts à cramper mais ce n’est rien par rapport aux quadriceps qui sont maintenant au bord de la rupture. La douleur semble augmenter à chaque kilomètre et je continue à baisser de rythme pour arriver au 50ème km sur des rythmes plus proches des 9km/h.

Pour moi, il est hors de question d’abandonner : le Golfe a déjà été le théâtre de mon premier (et seul) DNF ! D’un autre côté, je suis parti avec un objectif de 7h et j’ai envie d’en rester le plus proche possible. C’est donc un grand dilemme et je continue à avancer au maximum de ce que me permettent les quadriceps avec une douleurs qui continuent à augmenter et m’obligent à faire des pauses dans la course tous les 700 ou 800m… J’en viens à espérer une grosse côte qui m’apporterait 500 ou 800 d+ et me permettrait de changer de mouvement mais forcément elle n’arrivera jamais (la plus grosse côte sur le parcours devait faire 12m de d+).

Il est 5h 30 du matin et le jour commence à se lever. Le parcours devient beaucoup plus joli et je peux commencer à admirer les magnifiques paysages du Golfe du Morbihan et surtout à sortir le téléphone pour prendre quelques photos.

Arrivé / délivré

Toute la fin de la course sera sur cette même stratégie de résistance. J’avance comme je peux (de 300 à 600m), je marche pour récupérer (100 à 200m et ainsi de suite). L’arrivée sur les quais me redonne un tout petit de jambes mais ce n’est que lorsque je fais demi-tour tout au bout du port pour me retrouver face à la ligne d’arrivée que je réalise que je l’ai fait.

Ca y est, les nerfs lâchent complètement. C’est une délivrance ! J’ai eu tellement mal au quadriceps et j’ai tellement lutté pendant 4h que je craque et passe la ligne d’arrivée en pleurant ! Il me faudra plusieurs minutes pour m’en remettre.

Le t-shirt Spartiates / Haroz a fait son effet. Le speaker a pris quelques secondes pour présenter Haroz au micro lorsque j’ai franchi la ligne d’arrivée. Mission doublement réussie !

Ce n’était clairement pas le parcours le plus difficile (la palme reste évidemment décernée à La Diagonale des Fous). Mais par contre, c’est clairement la course où j’ai le plus surmonté la douleur et par conséquent ce Réveil des Ducs reste aujourd’hui l’une des courses les plus dures que j’ai réalisées. Je reste au moins 15′ au ravitaillement d’arrivée à savourer un café et une tranche de quatre quarts le temps de retrouver mes esprits.

Je finis finalement en 7h 29′ à une 130ème place sur 1000 inscrits ! Un peu déçu pour le temps mais super content du classement. J’ai réussi à continuer à gagner des places jusqu’au 50ème km (principalement à la faveur de ravitaillements plus cours) avant d’en reperdre quelques unes sur la fin.

Encore une super organisation de la team Ultra-Marin, des bénévoles au top et rien à redire sur l’événement. Je ne sais pas par contre si je m’alignerai de nouveau sur cette course car pour l’intérêt principal de ces courses réside dans la beauté des paysages de bord de mer. Mais sur le format nocturne, c’est un peu limité !

L’équipe de secouristes est au top également. Félicitations à eux pour la tenue du poste pendant tout le week-end. Ils ont au moins autant de mérite que les coureurs ! Pour ma part ce fut un passage éclair après l’arrivée juste pour nettoyer un peu le genou.